DES FACULTÉS MAGNÉTIQUES
DE L’HOMME
PABXS. — IMPRIMERIE ÉMILE YOTTELAIN
J.-J. ROUSSEAU,
DES
56507
FACULTÉS MAGNÉTIQUES
DE L’HOMME
DES MOYENS DIYBBS PAR LESQDELS ELLES SE MANIFESTENT;
DES CONDITIONS ftOESIGE LEDR EMPLOI ;
DE LA RESPONSABILITÉ MORALE Qu’eNTRAÎNE LEUR EXEROICE ;
DES SERVICES Qu’ON PEUT EN ATTENDRE.
PAR G.-F. BACOT
MEMBRE TITULAIRE DE LA SOCIÉTÉ MAGNÉTIQUE DE PARIS
sanié ainsi que des contagions de
Extrait du journal l’Union magnéliqne, 1867 et 1868.
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CE MÉMOIRE
- . (JPRY MAGNÉ*]
5 m 07
CONCOURS DE 1866
Prix : 75 centimes
5 6 5 9 7
PARIS
CHEZ L’AUTEUR, RUE DE GHARENTON, 24
1868
DES FACULTES MAGNÉTIQUES DE L’HDMME
NOTIONS PRÉLIMINAIRES
Avant de rechercher quelles sont les facultés magné¬
tiques de l’homme, et leurs moyens de manifestation, je
crois devoir exposer brièvement comment je comprends
l’élément qui sert de trait d’union entre les individus du
meme règne et aussi de règnes différents ;
Je crois qu’un fluide remplit les corps et 1 espace,
sanssolMlioncomplète de continuité, car tout ce qui est
participe nécessairement de lui.
Conséquemment, comme il est le principal élément du
développement et de la conservation des trois règnes
par le courant vital qu’il imprime dans tous les corps
qui sont à l’état de formation, reconstitution -, les effluves
rejetées par ces corps doivent lui faire retour, et le mo¬
difier sans cesse par leurs différentespropriélés qui s’uni¬
fient en se mêlant-, mais le fluide universel n’en contient
pas moins un résumé de toutes les propriétés chimiques
qui existent dans la nature.
C’est en réveillant la vie intérieure chez l'homme en¬
gourdi, que des magnétiseurs ont facilité l’absorption de
propriétés que son gardien intérieur ne pouvait plus dis¬
cerner, et ont fait des cures merveilleuses par des ma¬
gnétisations générales seulement.
De ce qui précède, quelques-uns concluent que les
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prescriptions de procédés spéciaux pour chaque maladie,
sont inutiles.
Ces conclusions précipitées sont un abus, car indépen¬
damment de l’action absorbante qui détermine le courant
magnétique, il se produit aussi une action mécanique qui
a son importance.
Mais dansles guérisons dont je viens de parler, il n’y
a qu’une excitation à l’assimilation presque naturelle
d’une partie spéciale du fluide universel, dont je m’ex¬
plique ainsi le mécanisme :
Comme le créateur veut que son œuvre se perpétue, il
a placé en toutes choses, mais principalement dans le
règne anim 1, un principe gardien; ce gardien intéaieur
appelle sans cesse de l’élément vital les propriétés dont
le corps a besoin pourétablirl’équilibre dansl’organisme ;
les effluves évincées emportent ce qui était nuisible ou
inutile.
Malheureusement les sujets aptes k cette assimilation
docile sont rares; car les passions, nées du principe des¬
tructeur qui ne devrait triompher qu’après une longue
période, abrègent presque toujours le temps marqué,
parce qu’elles sont opposées au principe conservateur in¬
térieur dont l’action développe ce qu’on appelle les bons
instincts.
Quand les instincts contraires à l’organisation du sujet
se développent k l’excès, ce développement insolite est
dû au principe destructeur, ou k une pression magné¬
tique de mauvaise nature exercée sur lui par un autre
homme même sans que ce dernier ait conscience de sa
puissance.
Il est donc bon, afin d’éviter des perturbations so¬
ciales, que chaque homme sache qu’il a en lui une force
considérable qui lui obéit pour sa défense ou sa conser¬
vation.
Lorsque toutes les propriétés que contient le fluide
universel sont dans une bonne proportion, la santé pu-
— T —
blique est normale, mais si des courants de fluide univers
sels sont surchargés d’une de ces propriétés, elle frappe
les animaux ou les végétaux chez lesquels le principe des¬
tructeur a amené une aberration dans l’absorption}
le mal se développe en masse, c’est une épidémie. :
Ce que je viens de dire n’est pas en opposition avec le
principe constaté d’inoculation des maladies par des.
animalcules; car ceux-ci doivent préférer certains sucs,
ou leurs émanations; et, poussés par un courant qui con¬
tient de ces émanations en proportion considérable, ils
peuvent se croire dans leur milieu.
Mais le courant, comme je le suppose, se modifie con¬
tinuellement par des effluves opposés; c’est pourquoi
ces animalcules doivent, en vertu de 1 instinct conserva¬
teur de l’espèce, chercher à déposer leurs larves sur des
individus déjà, prédisposés aux effets pernicieux de leur
venin.
Le principe de maladie que les sujets avaient contracté
par d’autres conditions serait probablement arrivé de
même au summum d’intensité ; mais, à différentes épo¬
ques, selon le degré où chacun en est arrivé au moment
de la période épidémique, tandis que le développement
rapide de la mortalité frappe de stupeur les individus, le
principe conservateur se trouve dans l’impossibilité de.
réagir par d’autres propriétés, ce qui aide encore au dé¬
veloppement de l’épidémie.
Des facultés magnétiques de l’homme.
L’homme complet étant l’animal le plus parfait, est
■apte à éprouver des impressions par toutes les proprié ¬
tés de la nature; et cette diversité de propriétés s.trt, par
leur action et réaction, à produire le jeu de ses nombreux
organes; il doit donc toujours conserver le rudiment de
— 8 -
toutes les propriétés dont il est pénétré par le fluide
vital.
Je dis l’homme complet, parce qu’il y a dans l’espèce
humaine tous les degrés de l’échelle animale, selon que
la vie intérieure abandonne plus ou moins de points, ce
qui réduit quelquefois l’homme à la plus simple expres¬
sion animale.
Dans-ce cas de déprimation des organes, le nombre
des aptitudes diminue, il n’a plus que celles spéciales
des animaux imparfaits.
Les facultés magnétiques lui sont tellement naturelles,
qu’il les met en œuvre souvent, sans conscience, pour le
moindre besoin, mais surtout quand, se trouvant isolé, il
sent qu’un danger de maladie le menace, il se révolte;
s’il prévoit recevoir un coup, il diminue sa sensibi¬
lité, etc. C’est par cette force magnétique qu’il utilise les
puissances dont il est saturé.
C’est une preuve des effets attractifs et répulsifs que
l'homme produit sur lui-même, effets analogues à ceux
que l’aimant produit sur le fer, selon les pôles, mais
avec cette différence que chez l’homme les pôles se dé¬
placent selon sa volonté.
Par la combinaison de cette force avec les propriétés
du fluide vital. Use produit des facultés complexes.
Telles que la faculté stimulante, et ses diverses con¬
séquences qui ne pourraient être obtenues que par plu¬
sieurs substances spéciales;
Facultés somnifère, stupéfiante;
Faculté de produire des désordres d’imagination,
comme l'influence de quelques poisons ; mais il a l’avan¬
tage de posséder la faculté opposée, ce qui lui permet
d’en arrêter les effets à la moindre expression de sa vo¬
lonté;
.Comme les autres animaux et les plantes chez lesquels
la nature a suppléé au défaut de raison, en leur donnant
l’inslinct, l’homme a la faculté de pressentir le danger,
avant qu’il puisse s’en rendre compte;
Faculté d’éprouver les sensations; pensées non expri¬
mées, ce qui implique la faculté de produire ces phéno¬
mènes artificiellement, en voulant nettement une chose:
Faculté de produire, sans danger pour le sujet, cet
état de perception qui se rencontre quelquefois dans les
phases extrêmes de maladies graves, dans lesquelles il
est déterminé par des propriétés subversives de l’orga¬
nisme humain ; mais leur nature n’a pas encore été dé¬
terminée par la science.
Faculté de produire sur l’homme des effets identiques
à ceux produits par le galvanisme, ce qui me ferait pen¬
ser que l’homme en garderait en lui une quantité déter¬
minée; et que ce ne serait que le trop plein qui s’é¬
chappe (1).
Les facultés de domination, de fascination,,,sont des
résultats de la faculté attractive.
Une autre division de la faculté attractive paraît tout à
fait mécanique.
(t) Cette production de phénomènes électroformes sans con¬
ducteurs métalliques me fait croire que la quantité de fluide électri¬
que que l'homme doit posséder en lui, lui est transmise par lo
fluide vital qui sert de conducteur entre les mines des divers mé¬
taux, qui, étant arrosées par des eaux plus ou moins acidulées, for¬
meraient les couples de la grande pile, par laquelle ratmos(ihère
est chargé d’éleclricilé ; et ce fluide ne serait, d’après cela, qu’une
conséquence du fluide vital auquel il rapporterait son contingent de
propriétés particulières.
Probablement, on m’objectera que les appareils ont besoin de con ¬
ducteurs métalliques, et qu’en conséquence, le fluide vital ne peut,
dans ce cas, être conducteur; mais, il doit y avoir une différence
entre des métaux dans leur milieu producteur, pour ainsi diie vi¬
vants, et nos piles, où nous avons des métaux travaillés. Les efflu¬
ves du cuivre natif ou travaillé ne pourraient-elles pas former un
courant assez dense par une agrégation d’autres éléments inconnus,
pour établir ce conducteur; puisque le docteur Burq a constaté, par
une enquête, sur plus de 100,000 individus, que les effluves du
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Enfin, la faculté de se guérir lui-même de maux
naissants ou partiels, sans le secours matériel de
substances mesurables, et de guérir son semblable de
maladies qui ont résisté quelquefois à une médication
très-savante.
Plusieurs de ces facultés peuvent s’exercer à des
distances considérables, surtout si le magnétiseur a bien
conscience de son pouvoir, et que les deux éléments hu¬
mains aient entre eux l’alfinité suffisante.
Les facultés magnétiques de l’homme agissent de même
sur les autres règnes, qui l’impressionnent à leur tour a
des distances plus ou moins considérables; c’est ainsi que
je puis m’expliquer les goûts ou l’aversion profonde pour
telle personne ou telle chose, selon l’affinité que les
choses ont entre elles, ou l’organisation de chaque
homme.
L’action à distance est incompréhensible sans ce trait
d’union vital qui est supérieur aux autres fluides, mais
cuivre préservent du choléra {de l'Emploi du Cuivre préservatif du
choléra, par le docleur Escalier; Paris, 1853, page 4) en Sibérie.
Dans les propriétés du prince Detnidoff, qui renferment un grand
nombre de mines de cuivre, de malachite et d’or, et habitées par
46,600 individus, le choléra n’a pas pénétré en 1831, quoiqu'il
régnât dans les environs. En 1849, il a atteint dans le pays 8-22 per¬
sonnes dont 284, seulement, ont succombé, tt parmi elles 21, seu¬
lement, Iravaillant aux mines, dont 9 à celles de cuivre (ouvrage
cité, page 9). La Société des monteurs en bronze n’a pas eu un seul
cholérique en 1832, elle n’en a eu qu’un seul en 1849 et il a été
guéri; l’acier a préservé, de même, les ouvriers de l’usine de
M. Gavé (ouvrage cité, pages). Enfin, l’action des effluves du cuivre
se fit sentir comme préservatif parmi les nombreux locataires des
quatre maisons de la rue des Gravilliers, occupées par des fonderies
de cuivre (ouvrage cité, page 4). Je prierai de plus savants que moi
d’étudier si ce ne serait pas les courants d’effluves métalliques re¬
tournées au fluide vital qui porteraient leur excès d’électricité
jusqu’à ce qu’ils rencontrent un courant d’effluves animales qui, par¬
leur contact avec les effluves métalliques chargées, puisse déterminer
cette décharge effrayante que les machines reproduisent en petit.
— 11 —
qu’il ne domine pas entièrement, puisque certaines con¬
ditions atmosphériques nuisent aux phénomènes ma¬
gnétiques.
Hors de ces conditions contraires, la vibration qu’im¬
prime l’homme sur un de ses organes, peut être transmise
à distance au sujet chez lequel l’affinité magnétique est
assez grande, à moins qu’elle ne soit soustraite au pas¬
sage par une organisation de même nature placée dans
le courant.
Que l’action se passe intérieurement chez le magnéti¬
seur et soit transmise par l’agitation du fluide qui rem¬
plit l’espace; que la jonction se fasse sur un point de
l’espace, ou que le magnétiseur fasse abandon de fluide
animalisé, il n’y a pas moins, dans les phénomènes pro¬
duits, la preuve des facultés magnétiques de l’homme f
Pourquoi l’homme n’aurait-il pas le pouvoir d’influen¬
cer son semblable, les animaux inférieurs, et les végé¬
taux, puisqu’il est lui-même susceptible d’en subir l’in¬
fluence, malgré l’infériorité de ces deux derniers, et
en présence de l’influence d’un végétal sur un autre vé¬
gétal?
« M. Duhamel ayant planté beaucoup de térébinthes
auprès d’un pistachier femelle, qui ne portait point de
fruits, fut agréablement surpris en voyant, dans la
saison suivante, que son pistachier en était couvert (1). »
H y a des végétaux qui ne croissent que dans le voisinage
de végétaux préférés, soit à cause des principes nutritifs
qu’ils en reçoivent, ou de la protection qu’ils trouvent
dans les effluves de ces plantes contre leurs parasites.
On peut dire sans doute que la composition du terraim
fait germer les semences de plantes qui s’y plaisent;
mais dans ce cas, nous arrivons à l’action d’un règne dif¬
férent ; les effluves minéraux sur les végétaux.
L’homme peut donc exercer ses facultés magnétiques
{!) Soc. royale de Médecine, tome IV (H), page 120.
sur le règne végétal, et quelques magnétiseurs l’ont fait
avec succès, bien que les résultats aient été contestés
par d’autres.
Cependant puisqu’un arbre magnétisé de temps en
temps pour entretenir en lui la puissance active du ma¬
gnétiseur, transmet la force magnétique à un nombre de
malades, plus grand que le magnétiseur n’en pourrait
traiter direetement!
L’arbre doit donc posséder naturellement une puis-
sanee vitale commune avec l’homme, et qui, une fois
dirigée par celui- ci, suit la loi de transmission des cou¬
rants magnétiques que la faculté volitive de l’homme
établit dans l’espace; c’est pourquoi les maîtres qui pré¬
conisent ce moyen, recommandent de choisir un arbre
vigoureux, se séparant, et de le magnétiser souvent.
Je crois donc possible, comme rafhrment des magné¬
tiseurs, l’action sur les végétaux.
L’instruction apprend à l’homme le moyen d’utiliser
ses facultés magnétiques en appelant son attention sur
les différents phénomènes qu’il peut produire, afin de les
opposer aux phénomènes morbides.
Il peut les acquérir selon le degré de qualité de ses
organes, il peut les inculquer par une sorte de domi¬
nation. J ai vu des êtres, non pas idiots, mais presque
incapables de soutenir leur volonté deux minutes con¬
sécutives, produire, à leur grande surprise, sur des
sujets que j’avais choisis, les mêmes phénomènes que
moi. J’ai toujours eu soin, dans ces expériences, de
m’absenter et de détourner ma pensée après avoir toute¬
fois défendu les phénomènes trop élevés.
Des moyens divers par lesquels se manifestent les facultés
.magnétiques do l’iiomme.
Ces facultés se manifestent naturellement, comme je
l’ai déjà dit, en réagissant contre une anomalie, une
— 13 —
moladie, par exemple, alors on sent un courant contraire
qui s’établit rapidement. Où prend-onja propriété con¬
traire au développement de l’effluve délétère? Je crois en
avoir déjà’ établi la présomption ; soit par la faculté de
l’aimant, en changeant les pôles, soit par une faculté
complexe de combinaison des effluves rudimentaires.
En diminuant la sensibilité par un courant dirigé vers
la partie menacée et qui arrête la perturbation. Du reste,
le courant du dedans au dehors suffirait pour empêcher
le rapport de la douleur au cerveau.
Par ces mouvements instinctifs qui poussent des per¬
sonnes souffrantes à des manipulations opposées par
lesquelles elles se soulagent : les uns prennent leur tête
entre leurs mains, procédé employé avec conscience par
les magnétiseurs pour les sujets pauvres de vitalité. C’est
aussi ce que fait l’homme qui est pressé de mettre une
idée au net; il a appris par instinct à augmenter la force
explorative de son cerveau, qui se trouve dans un état
de faiblesse relative. D’autres s’y font des passes, très-
légères en travers, comme pour essuyer ce qui en trans¬
pire; c’est encore un moyen employé quand la vie est en
excès.
Enfin, quel que soit le lieu de la souffrance, on y porte
la main soit en l’apposant, soit en faisant des frictions.
Puis, comment expliquer autrement que par la faculté
attractive ces amitiés et cet amour qui naissent tout à
coup; ces aberrations du sentiment humain qui condui¬
sent l’homme ou la femme à forfaire à leur serment en
brisant le lien conjugal, et à l’abandon de la progéniture,
souvent pour chercher la société d’êtres abjects?
Et ces hommes de bonne famille, pleins d’esprit,
qui finissent par devenir la proie de gens échelonnés sur
la route de la dégradation comme pour en adoucir la
pente!
L’on voit le plus souvent les êtres qui subissent les
influences pernicieuses que je viens de citer, faire les
_ 14 —
plus beaux serments de fuir leur dominateur, mais une
fois en présence, adieu le serment; il y en a même, et
j’en ai vu, qui tremblent en se sentant entraînés, quand
ils voient, avant que d’être lancés, des témoins de leurs
infructueux serments.
D’autres, par de belles résolutions simulées, des re¬
grets mensongers, abusent de la bourse de gens chari¬
tables ou obligeants ; c’est le magnétisme par la parole.
11 en est de même des antipathies excessives sans
cause connue; je suppose qu’un courant émonctoire
entraîne des propriétés contraires à la constitution d’un
autre homme, le principe gardien de celui-ci agit par
attraction intérieure, et le besoin d’éloignement se fait
sentir sans qu’il puisse être apprécié.
Le développement de la mémoire est dû à une action
auto-magnétique dirigée sur un point donné de l’organe
de la mémoire. La vie intérieure fait le reste, et ce qui
prouve une action autre que le premier moteur, c’est que
le fait évoqué se retrouve et s’élucide sans qu’on en
suive les détails, au milieu de préoccupations étran¬
gères, ou la nuit pendant le sommeil.
Une preuve aussi que le développement de la mé¬
moire est bien le résultat d’une action magnétique, c’est
que les médecins qui l’ont observé dans le somnambu¬
lisme, qui est un état magnétique des plus développés,
admettent généralement son développement extraor¬
dinaire par cet agent, et l’opposent à l’instinct des re¬
mèdes.
Pour se rendre compte de l’action qui agit sur la mé¬
moire, il suffit d’observer ce qui se passe en nous au
moment où nous voulons nous rappeler un fait dont nous
n’avons qu’une parcelle de souvenir, ou qu’une autre
personne éveille notre attention sur un fait dont nous ne
noussouvenonsnullement; si cette évocation intéresse no¬
tre souvenir, il se produit dès ce moment en nous une
sorte de choc, puis l’action se soutenant, on sent un cou-
rant, une action intérieure et suivie, résultant de l’action
du contact de la mémoire d’une autre personne, ou de notre
action auto-magnétique. Le travail paraît ensuite s’affai¬
blir; mais il n’en continue pas moins, il devient même
imperceptible durant d’autres occupations ; pourtant le
travail intérieur est incessant, et quelquefois au milieu
de très-graves préoccupations, apparaît dans les plus
minutieux détails le résultat du travail magnétique opéré
sur l’organe de la mémoire. Le magnétisme est donc venu
porter la lumière et développer la sensibilité sur le point
impressionné depuis longtemps par des sons, des im¬
pressions diverses, ou grandir la photographie micros¬
copique prise par l’organe spécial, au moment de l’ac¬
tualité des faits.
L’imagination est une sorte de mémoire nomade tou¬
jours mise en avant par les faits qui l’ont frappée sans
que le sujet en ait eu conscience, c’est cette faculté qui
fait les inventeurs ; un mot semble lui servir de conduc¬
teur pour puiser, dans la mémoire d’un autre, quelques
éléments qu’elle complétera plus tard; une forme qui lui
apparaît est le rudiment de tout un ordre de création.
L’imagination appartient à la vie intérieure et perçoit
par des voies qui nous sont inconnues; comme son rôle
est d’être toujours en avant, il arrive qu’un examen plus
rapide d’une affaire par l’imagination fait qu’elle nous
crie ; Arrête ! quoique nos impressions primitives nous
aient fait juger l’affaire bonne.
L’imitation est un état nerveux qui produit diverses
impressions et phénomènes selon l’organe ou le point de
l’organe surexci té par l’accumulation du fluide magnétique.
Ainsi l’homme est porté h rire, quand il entend rire sur¬
tout aes personnes qu’il est habitué à fréquenter; les vi¬
sages tristes lui font des impressions tristes, c’est l’effet
d’une faculté mécanique qui est développée quelquefois
jusqu’à l’état automatique. C’est la disposition à ces phé¬
nomènes qui est cause que des personnes ne peuvent pas
— 16 -
entendre le récit de souffrances parce qu’elles lés res^
sentent. J’en ai vu arriver à perdre connaissance, d’au¬
tres se sauver crainte d’attaque de nerfs, surtout quand
plusieurs femmes sont réunies dans un local où l’une
d’elles a une attaque.
Dans les réunions de convulsionnaires ou de prétendus
possédés, l’imitation spontanée par suite de la consti¬
tution des sujets a pu Jouer un grand rôle; mais il y a
surtout la magnétisation collective dont les effets doivent
être difficiles à détruire si l’on pense que des sujets de
cette sensibilité magnétique sont ordinairement isolés de
tout autre que leur magnétiseur. Il n’y avait donc pas
d’autres moyens de les guérir que de défendre les réu¬
nions, sans recourir aux moyens inhumains, et de dégager
les organes envahis au moment des crises.
La communication de pensée est un phénomène de
l’ordre de rimitation, mais extrêmement développé, puis¬
qu’il peut y avoir imitation de la pensée non exprimée,
comme dans le fait dû à la communication de M. Petit
d’Ormoy « au sujet d’une dame qui s’entendait appeler par
son nom, tandis qu’une autre personne était impatiemment,
mais silencieusement, à l’attendre chez un concierge,
ce que la première ignorait. » M. le docteur Roux (1)
considère ce fait comme une hallucination de l’ouïe. Je
crois qu’il y avait au contraire une imitation réelle de la
pensée muette, caria personne qui attendait impatiemment
n’était pas par la même raison sans exercer une action
attractive tendant à rapprocher la personne dont la lon¬
gue absence l’impatientait. Il est même probable qu’il a
pu formuler son nom à la muette, et l’on peut remar¬
quer que dans la pensée non exprimée les notes sont les
mêmes que celles destinées à la rendre par les sùns.
Nous nous parlons à nous-mêmes, bien que le son soit
(1) Somnambulisme magnétique, 10, concours.de 1864,
Union magnétique, T. XI, p. 489.
avorté, l’impression est la même, il nous semble parfois
que nous faisons un dialogue.
On dit communément, en parlant des expériences du
magnétisme, que l’on produit des hallucinations. Je com¬
prends plutôt l’imitation; le magnétiseur se rappelle
quelque chose qu'il a vu et qui est présent à son sou¬
venir. C’est la présence de ce souvenir qui est réfléchie
chez le sujet par l’effet imitatif.
Le somnambulisme naturel est produit par la concen¬
tration du fluide vital du sujet au cerveau par suite
d’une action magnétique concentrée, causée par une
préoccupation ou une contrariété qui bouleverse les cou¬
rants naturels; ce qui l’occupait avant la concentration
lui semble se réaliser ; il rêve, parle, gesticule quelque¬
fois dans son lit, et d’autres fois marche sous le poids
d’une hallucination. Quand le somnambulisme est im¬
parfait, le sujet répond quand on lui parle, mais il suit
l’ordre de sorr rêve; si le somnambulisme est parfait, le
sujet exécute des travaux ou des actions extraordinaires.
Je connais une dame qui a parfois des accès de som¬
nambulisme. Contrariée un soir de voir que son beau-fils
n’avait que deux mauvais gilets de coton, elle se leva en
somnambulisme, lui en fit des deux mauvais un bon
tellement bien remmaillé, qu’il a fallu qu’elle vît les dé¬
bris pour être convaincue, quoiqu’elle ait parfois des
accès de somnambulisme à differents degrés. Quand ce
somnambulisme est complet, elle est isolée ; s’il est in¬
complet elle entend le son de la voix, mais ne parle
qu’en suivant l’idée qui l’occupe. C’est le second sujet qui,
à ma connaissance, possède ces différences et l’oubli au
réveil.
Voici un autre fait produit par la même cause et qui
m’a été rapporté en raison des conséquences qu’on en
a déduites. Une servante de la commune de Couville,
arrondissement de Cherbourg (Manche), avait mis pour
condition en entrant en service de conserver la liberté
d’entendre la messe tous les jours; mais un jour le pain
étant près de manquer, on l’engagea à manquer la messe.
Elle en fut très-contrariée et se promit de se lever de
bonne heure de façon à cuire au retour de la messe ; mais
quand elle se leva, son pain était cuit, à son grand éton¬
nement; et des bonnes gens du pays, au lieu de l’attri¬
buer à un accès de somnambulisme, décidèrent que la
Sainte-Vierge, en considération de son désir d’assister
à la messe, était venue cuire le pain.
Tous les phénomènes magnétiques se produisent arti
ficiellement au moyen des procédés divers de magnéti¬
sation et les moyens par lesquels ils se manifestent sont
les mêmes.
Le somnambulisme artificiel ou magnétique a l’avan¬
tage de pouvoir être provoqué quand on en a besoin si le
sujet est convenable, mais il a aussi ses degrés très-im¬
parfaits.
Le somnambule lucide est un être très-précieux; «son
intelligence, ayant envahi le domaine de l’atfectibilité, a
toute sorte de moyens pour prévoir et suivre dans le corps
même, les progrès du mal et l’effet des médicaments (1). »
Le somnambulisme a été décrit bien des fois; je n’en par¬
lerai que pour exposer quelques essais théoriques, que
je ne sache pas avoir été écrits.
Le somnambule qui perçoit et ressent les symptômes
du mal, doit percevoir de même quels sont les agents qui
peuvent le combattre avec succès, ou au moins ressentir
les impressions opposées que'produisent certaines effluves
du fluide universel; je parle d’un somnambule parfaite¬
ment lucide. Il doit apprécier les effluves des végétaux
avec lesquels il s’est trouvé en contact, s’il est som¬
nambule sensitif; mais il doit éprouver,par le contact, le
même mal que le consultant, et il faut le dégager avec
(1) Docteur Chardel, Mémoire à VAcadémie de Berlin, p. 34.
19 -
plus (le soin, que s’il n’ordonne que des magnétisalionset
pas de médicaments.
Voici pourquoi je conclus ainsi Le somnambule qui
se sent contagionné et chez lequel toutes les propriétés
de la nature sont présentes, ou qui du moins a été en
contact avec un grand nombre de plantes (ce qui explique
pourquoi il y a de meilleurs somnambules chez les gens
de la campagne), en a gardé les impressions sans se dou¬
ter de leurs vertus, et comme on saisit un fragment de
conversation, il feuillette donc dans sa mémoire extraor¬
dinairement développée, non pas ce qu'on lui a appris,
mais les divers rudiments des impressions qu’il a éprou¬
vées. Lorsqu’il a rencontré une impression contraire à son
état contagionné, il devient passif de la nouvelle conta¬
gion opposée que lui apporte l’impression; il en hâte
l’action, par la circulation qu’il lui imprime magnétique¬
ment. Si c’est une substance, ou une plante qu’il a touché
comme corps, son appréciation sera plus facile et plus
rapide ; ses moyens de les désigner plus nets; car avec le
souvenir de l’impression primitive se retrouvent les
formes et les noms ; comme en se rappelant une action on
voit les lieux, les personnes, des détails nombreux.
Si l’impression lui vient des rudiments que lui ont lais¬
sés les effluves diverses qui l’ont saturé pendant l’absorp¬
tion du fluide vital, une fois qu’il s’est arrêté à l’impres¬
sion lapins convenable, il la suit jusqu’au point où elle
revêt une forme. Cette exploration lui est plus ou moins
facile selon son degré de lucidité, ou sil impression flui-
dique lui remet en mémoire l’impression fugace d’un
contact inconscient ; car l’action magnétique ala propriété
de faire revivre les effluves anciennes, comme M. Du Po-
tet l’a constaté en magnétisant un homme qui exhalait
pendant la magnétisation l’odeur de Passa fœtida.
M. Du Potet le questionna sur ce sujet, et il apprit que
ce malade avait employé ce remède, environ une année
avant.
Voici donc le somnambule en possession de la pré¬
cieuse influence qui doit le faire remonter vers l’état de
santé ; il en calcule la force; puis, par une faculté attrac¬
tive, il s’en assimile jusqu’à dose convenable (1). Or par
cette assimilation magnétique de la dose convenable, il
en est arrivé h être dégagé des effluves du malade; c’est
pourquoi les somnambules qui ne se font pas dégager,
mais qui ont fait consciencieusement leur devoir jusqu’au
bout, paraissent privilégiés, parce qu’ils n’ont rien gardé
de l’affection.
Tandis qu’au contraire le doigt de Dieu est marqué au
front du somnambule de mauvaise foi et paresseux, qui
après avoir fait usage du phénomène inférieur de com¬
munication de pensée, ou d’imitation pour convaincre un
malade et lui attraper son argent, néglige de rechercher
les véritables propriétés qui peuvent le guérir. Ce som¬
nambule est puni, car après avoir absorbé les effluves
morbides qui peuvent se développer dans la suite, s’il
n’est pas dégagé par le complice de son escroquerie, il
devient lui-même malade sans savoir de quel malade cela
lui vient. Voilà pourquoi certains somnambules n’ont pas
de chance, dit-on vulgairement.
Le somnambule nomme habituellement les plantes ou
les minéraux, selon la langue qu’il parlait au moment où
il en a recueilli les impressions primitives, à moins qu’il
n’ait appris depuis à les nommer dans une autre langue
par un fréquent usage du mot accompagné de nouvelles
impressions qui s’y ajoutent; parce qu’il retrouve avec
l’impression, le nom qui en est un détail, puisque souvent
on nomme mentalement une chose que l’on voit ou l'on
touche.
(t) On voit les somnambules primitifs ouvrir graduellement la
main comme si elle s’emplissait, ou suivre lentement sur un doigt
comme pour mesurer la longueur; et compter les heures, les jours,
en frappant avec leur tête.
— 21 —
Aussi placerai-je plutôt dans la faculté sensitive, aidée
par la mémoire, que dans la transmission de pensée aidée
aussi par la mémoire, le fait rapporté par le docteur
Roux, d’une dame qui « se prescrit des remèdes végé¬
taux, dont au réveil elle ne savait pas même le nom.
Ayant passé une partie de son enfance à la campagne,
auprès de sa mère qui se plaisait à conseiller aux malades
d’alentour des recettes de plantes médicinales, cette
dame retrouvait à l’état de somnabulisme le souvenir du
nom et des vertus de ces végétaux ; et la preuve, c’est
qu’elle les désignait en termes catalans, idiome familier à son
bas'âge, et dont elle avait depuis longtemps perdu l’usage.
Notez bien que dans le somnambulisme, ces remèdes
se présentaient à son esprit sans qu’elle en rattachât la
pensée à ces habitudes d’enfance (1). »
Cette dame avait vécu h la campagne dans son jeune
âge, elle a subi les impressions du contact des
plantes sans autre accessoire pendant cette action
que d’en dire mentalement le nom en terme catalan,
son idiome d’alors, elle ne s’en est pas occupée depuis:
et, en en retrouvant les propriétés ou vertus, le seul dé¬
tail qui les accompagnait, le nom catalan apparaît.
Il est probable que si elle avait puisé la connaissance
de ces vertus dans l’instruction donnée par sa mère, elle
y rattacherait beaucoup de circonstances, de souvenirs
d’enfance; à moins que cette faculté ne soit transmise
héréditairement.
Dans le cas où un somnambule revient à la santé au
moyen de l’assimilation des effluves qu’il fait revivre ou
absorbe à distance, on ne peut pas plus trouver chimi¬
quement de traces de ces effluves médicamenteuses, que
de savants médecins ne trouvent l’effluve primitive d’une
maladie, et celles du magnétisme animal dans ces di-
(t) Docteur Roux (de Celte}. Somnambulisme magnétique. Union
magnétique, tome XI, p 308.
— 22 —
verses modifications. Ce sont les effluves du chiendent
qui, agissant sur le chien qui en a besoin, lui révèlent la
présence de cette plante et son utilité, quoique cet
animal ne soit pas herbivore.
Ainsi s’expliquent les goûts pour les plantes ou autres
substances qui ont une action sur certains sucs, eu égard
toutefois aux aberrations causées par l’action de per¬
sonnes qui inculquent leurs goûts contraires.
Ce que je viens de dire ne viendrait-il pas à l’appui de
la théorie, que l’on peut donner au fluide la propriété
de telle ou telle substance; théorie contestée parce qu’on
ne peut constater la présence de ces substances?
« Des aveugles ont pu distinguer des couleurs au tou¬
cher (1). Si l’on avait affaire à des aveugles-nés, ne serait-
ce pas l’impression fluidique des substances qui entrent
dans la composition des couleurs, qui se reproduit à
chaque nouveau contact avec ces couleurs ?
Cependant, je dois le dire, je connais un aveugle-né,
auquel les médecins ont toujours contesté la faculté de
percevoir la lumière à cause de l’état de ses yeux; et qui
malgré cela, distingue à la nuance, le jour d’avec la nuit;
faiblement, il est vrai, mais si le temps se couvre subite¬
ment, il en saisit une diminution de lumière. C’eût été un
sujet d’expériences peut-être curieuses s’il eût été plus
sensible aux effets du magnétisme dont il n’éprouve que
les effets curatifs.
Le somnambule, sujet qui ne devrait pas magnétiser à
cause de sa nature généralement faible, magnétise mieux
qu’une personne à l’état normal ; il est vrai qu’en cet
état sa puissance magnétique est considérablement aug¬
mentée, et sa vie intérieure, extraordinairement surexci¬
tée, lui permet de s’assimiler continuellement les effluves
réparateurs.
La catalepsie, le tétanos, sont des états nerveux pro-
(I) Docteur Roux (de Cette). Union Magnétique, t. XI, p, 484.
— 23 —
duits par des perturbations magnétiques qui se produi¬
sent instantanément.
Dans la catalepsie, le symptôme caractéristique est
qu’une main étrangère peut donner aux membres du ca¬
taleptique teUe attitude qu’il lui plaît sans que le malade
puisse en rien la modifier.
Dans le tétanos il y a rigidité excessive. Dans ces deux
états qui ont été décrits mieux que je ne pourrais le faire,
il y a insensibilité à la douleur, et isolement.
On produit ces phénomènes artificiellement par les fa¬
cultés magnétiques que possède l’homme ; ils sont dé^
truits avec la même facilité.
L'extase est un superlatif du somnambulisme. Les idées
du sujet sont presque toujours dirigées vers les choses
religieuses, selon sa croyance à ce sujet; il est disposé à
quitter la terre, il semble n’avoir plus de poids, les
yeux ouverts sont fixes et immobiles.
L’homme a la faculté de produire ce phénomène,
mais une fois là, le sujet ne lui obéit plus; ce n est que
par surprise qu’il le ramène à son état normal, il en té¬
moigne toujours de la contrariété.
Des conditions qu'exige i’emploi des facultés magnétiques de l’homme.
Le magnétiseur doit être sain de corps et d’esprit ; avoir
l’idée nette et suivie. Le chagrin surtout est une mau¬
vaise condition pour le magnétiseur. M. le docteur Louyet
en a cité un exemple pris dans sa pratique. Une jeune
fille était affectée d’un ulcère scrofuleux, traité in¬
fructueusement par un médecin de Charenton et un
autre médecin; la jeune malade fut soumise pendant six
jours à la magnétisation directe et aux douches locales
d’eau magnétisée; la plaie s’améliore d’une manière sen¬
sible. M. Louyet, voulant hâter la guérison, fait du père
de cet enfant un ai le magnétiseur, le mal s’aggrave,
— 24 —
W. Louyet s’informe si cet homme est troublé; il apprend
qu’il a un grand chagrin, et le fait cesser de lui aider. Au
bout de quinze jours l’enfant était guérie (1).
Un magnétiseur, riche de vitalité, se trouvera bien de
secourir son semblable en lui donnant une partie de son
excédent de vitalité.
Le magnétiseur faible agira plus nettement sur un sujet
qui soulFre d’excès de vitalité, parce qu’une fois le rap¬
port établi, la soustraction se fait tout naturellement, et
le magnétiseur pourra y gagner s’il n’y a que pléthore
nerveuse sans maladie dangereuse.
il y a même peut-être des dispositions maladives qui
s’opposent au développement de certaines maladies aux¬
quelles elles servent de contre-poison et qui se confon¬
draient avec les influences déjà citées comme différence
naturelle des fluides que des somnambules disent pou¬
voir comparer par leurs couleurs.
Le revers de celte proposition a donné naissance h
cette théorie déjà ancienne qu'un magnétiseur aggrave
son mal en magnétisant le même mal. Cela me paraît, du
reste, acceptable, vu que les efliuves morbides sur les¬
quels il exerce l’attraction trouvent en lui un terrain
préparé; et j’ajouterai qu’il doit faire peu de bien, puis¬
qu’il a déjà trop des extrêmes éléments nuisibles qui gê¬
nent celui qu il veut secourir, ou se fatiguer beaucoup,
ce qui le prédispose encore à reprendre des forces
viciées.
Les magnétisations d’un malade surtout doivent être
faites dans le recueillement tant du magnétiseur que du
sujet; il faut éviter que les effets soient détournés, car ils
peuvent, dans quelques cas, perturber momentanément
le sujet. Pendant la magnétisation d’un malade, il ne
faut avoir que peu de témoins; dans l’intérêt du malade,
il est préférable qu’ils soient sympathiques ; alors ils ai-
(t) Société JUssfneVomc, avril 1854.
dent à l’actionmagnélique, car le nüagnétiseur est tout à
son action et possède pour auxiliaire le magnétisme bien¬
veillant émis, sans le savoir, par les témoins; c’est un
diminutif de la chaîne magnétique.
Tandis qu’au contraire, s’il est contrarié, l’action qu’il
produit est convulsive, il semble que sa force lui fasse
retour et l’oppresse, une pareille magnétisation est nui¬
sible au malade.
Le sujet doit être passif, la foi ne lui est pas absolu¬
ment nécessaire; mais elle contribue h de plus prompts
résultats, en évitant au magnétiseur de perdre du temps
et de la force en lutte préliminaire. A défaut de la foi,
qu’il ait au moins l’espérance d’un bon résultat.
La température chaude, sans être excessive ou ora¬
geuse, est préférable.
Le froid est une condition généralement défavorable,
car il démagnétise.
Les courants d’air sont défavorables aussi, surtout
s’ils sont froids, puisque le souffle froid ou frais déma¬
gnétise.
Néanmoins, avec de plus grands efforts, beaucoup de
nos collègues ont rendu des services à des malheureux
tombés malades sur la voie publique pendant des temps
plus ou moins froids, et j’ai moi-même obtenu un bon
résultat pendant un froid très-vif, et près de la Bastille,
mais je suppose qu’il est dû à l’extrême sensibilité du
sujet etàsonacclimatationau froid, vuque son travail exi¬
geait sa présence presque continuelle dehors.
De la responsabilité morale qu’entraîne leur exercice.
Le magnétiseur avant d’exercer ses facultés doit exa¬
miner : son état de santé; s’il est sûr d’être maître de ses
passions; s’il pourra continuer les soins qu’il donne, afin
de ne pas abandonner un malade en cours de traitement.
Il doit s’interdire de magnétiser, hors le cas d’urgence
absolue, quand il se sent trop contrarié ou agité.
S’il dirige un somnambule, il doit s’interdire toute
question indiscrète sur ce qui concerne le sujet; il doit
aussi rompre toute communication indiscrète que le cer¬
veau surexcité commencerait à faire.
Ne pas le laisser non plus s’immiscer dans des recher¬
ches qui pourraient troubler l’harmonie des familles.
Les facultés magnétiques de l’homme peuvent être
exercées par des gens corrompus pourperturber les idées,
la volonté d’autres hommes; et, ces malheureuses victi¬
mes, dans leur état de charme, croient agir en toute li¬
berté; le magnétiseur, honnête sollicité, d’après les faits
déjà produits, de leur prêter aide et protection, devra
examiner s’ils ont bien leur libre arbitre, auquel
il n’est pas permis de toucher sans leur consente¬
ment. Cependant, si leurs actes sont nuisibles à autrui,
on peut essayer l’exploration de leur sensibilité magnéti¬
que. Si la sensibilité est manifeste, ou qu’un changement
se produise en quelques magnétisations, il y a des proha¬
bilités de fascination, il n’y a pas à hésiter dans rintérêt
de l’individu fasciné et dans l’intérêt du bien social.
Des services qu'on peut en attendre.
« L’on peut dire avec la plus grande vérité que, d’après
les liaisons intimes qui régnent entre notre partie pen¬
sante et notre partie sensible et matérielle, il est des con¬
tagions morales et des contagions physiques; et, en allant
encore plus loin, on admettra qu’il est même des conta¬
gions de santé ainsi que des contagions de maladie (1). »
(1) De la Contagion, par le docteur Balmc. Paris, 1822, page Id.
Ainsi s’exprimait un médecin pour combattre le séjour
des convalescents dans les hôpitaux; et ce médecin,qui
ne prononce pas un mot de magnétisme, paraît bien près
de nos idées.
En partant de ce principe posé, que les contagions de
santé s’établissent naturellement par le simple séjour
continu de malades, ou plutôt de convalescents parmi des
personnes en état de santé, que doit-il arriver quand il
est prouvé que l’homme a la faculté de pourvoir volon¬
tairement aux nécessités vitales d’un autre homme en le
pénétrant de sa propre vitalité dont il peut diriger l’action
sur les points faibles de l’organisme du patient, sur
lequel il agit par une sorte d’affinité spirituelle à laquelle
ce dernier s’est soumis, ses organes fonctionnant par
imitation.
Du reste, puisqu’on peut réagir contre un mal dont on
est frappé, pourquoi, l’imitation admise, n’agirait-on pas
de même sur autrui?C’est ce qui arrive; mais l’impul¬
sion, une fois donnée, ce n’est plus de l’imitation, c est
un asservissement des organes du malade, car il suffit de
vouloir, en pénétrant un organe, il obéit : des sueurs,
plus ou moins abondantes surviennent, une tendance au
sommeil, puis des selles fréquentes de diverses natures,
des éruptions à la peau annonçant le déplacement du mal,
et tous ses phénomènes, se produisant pendant le traite¬
ment magnétique, et coïncidant avec une amélioration de
santé, prouvent le service qu’il peut rendre à 1 homme.
Mais il est des organisations de magnétiseurs contrai¬
res à la guérison de certaines maladies, par les raisons
quej’ai déjà décrites et par d’autres conditions plus im¬
médiates, quoique de même ordre, conditions d’occupa¬
tion, d’habitude, de lieu, substances employées dans les
industries groupées autour de lui, la nourriture, 1 héré¬
dité.
On doit donc, si l’on veut profiter des services du ma¬
gnétisme, changer de magnétiseur si au bout d’un certain
nombre do magiiclisalions on ne voit pas de changement;
car rien n’est perdu dans la nature, et l’on doit trouver
une organisation qui convienne. Je suis convaincu que
presque toutes les maladies seraient détruites au début,
si 1 on rencontrait assez vite l’organisation convenable à
apposer.
Mais on ne doit changer que dans ce cas, parce qu’il
vaut mieux une action suivie par le même magnétiseur.
Une substance est un poison dans un pays, tandis
qu’elle est à peu près inofFensive dans d’autres; parce
que dans le premier cas elle se nourrit d’effluves qui se¬
raient mortels pour l’homme et le préservent ainsi,
mais le frappent avec d’autant plus de violence que lés
effluves sont massés; de même certains hommes tra¬
vaillent impunément des substances qui sont mortelles
pour d’autres k cause de certains principes qui annihilent
ou repoussent les effluves et pourraient ainsi rendre plus
de services dans un ordre de maladies que d’autres ma¬
gnétiseurs.
Dans le second cas, l’élément vénéneux n’existe pas
ou l’homme l’absorbe au moyen d’effluves auxquels il
sert de contre-poids, l’homme peut agir de même sur son
semblable, malade par suite du manque d’équilibre.
Lorsque des magnétiseurs ont guéri des malades, au
moyen de magnétisations générales seulement, il serait
bon que chacun recueillît ses observations sur la nature
des maladies, qu’il communiquât ses observations et que
l’on prît note de son tempérament, etc., pour élucider,
par la comparaison, cette importante question qui, en
abrégeant le temps du traitement, permettrait de recou¬
rir plus souvent à la thérapeutique magnétique, et lui
permettrait de rendre plus de services.
Il me paraît très-probable qu’un tempérament opposé
à celui du malade s’assimile facilement les éléments qui
manquent à l’équilibre chez celui-ci, et peut les trans¬
fuser de lui au malade, où, par un courant magnétique
— 29 —
imprimé aux propriétés homogènes contenues dans le
fluide vital répandu dans l’espace, il les dirige vers l’or¬
gane malade en établissant chez le malade le prolonge¬
ment du courant réparateur.
Si la dose du poison de l’effluve délétère ou le travail
des animalcules ont été trop faibles pour caractériser les
symptômes de la maladie; s’ils sont modifiés par une
cause étrangère, ou que l’intelligence bornée du malade
égare le médecin, il lui est souvent difficile d’établir un
diagnostic certain; il peut, dans ce cas, faire des pres¬
criptions erronées quant au mal; la maladie primitive se
complique d’une autre. Comme il est plus difficile d’en
mener deux de front, de là des maladies chroniques qu
font le désespoir des médecins philanthropes.
Par la thérapeutique du magnétisme, si un homme sain
vient donner au malade la force de réaction nécessaire,
elle commence par le débarrasser des symptômes ou des
affections consécutives qui sont les moins invétérées.
Dans les maladies chroniques, les affections consécu¬
tives se sont développées par les médicaments inoppor¬
tuns, ou comme conséquence du mal primitif que les mé¬
dicaments n’ont pas combattu à propos.
Ainsi s’expliquera la marche rétrograde des premières
applications du magnétisme, qui réveille .les anciens
symptômes à mesure qu’une affection consécutive est
vaincue, et que la nature réagit sur une autre affection
qui a dû précéder celle-ci, et ainsi de suite, jusqu’à la
maladie primitive. S’il en est temps encore, cette mala¬
die, attaquée par la réaction du sens intérieur comme
elle aurait dû l’être d’abord, et, d’un autre côté, par la
puissance auxiliaire du magnétiseur, cède enfin.
C’est encore ainsi que s’expliquerait la cause de ces
guérisons de maladies graves, sans convalescence. Si le
malade n’a pas usé de médicaments, aucun autre organe
n’a été lésé par une sorte de poison auxiliaire, et si la
sensibilité magnétique n’a pas été assez grande pour évi-
— 30 -
ter d’employer ces terribles auxiliaires, les doses en ont
été moindres, et le magnétisme, aidant la réaction aux
points voisins de la lutte, les garantissaient, tout en ap¬
portant son contingent sur le terrain principal pour en
hâter le résultat. N’y ayant que ce dernier point qui ait
souffert, les forces complètes des autres organes se ré¬
pandent promptement et abrègent la convalescence.
Le somnambulisme magnétique peut servir à suppléer
au défaut d’intelligence du malade, à éveiller l’attention
du médecin sur des symptômes étrangers à la maladie
principale ou faussée, à lui mettre en lumière des médi¬
caments au cas op il est indécis sur leur choix.
Par l’insibilisalion magnétique, on peut remplacer,
pour quelques sujets et sans danger, le chloroforme, qui
n’est pas sans inconvénients.
Enfin, puisque tout ce qui se produit sur l’homme sans
sa volonté peut être produit par les facultés magnétiques
de l’homme, et qu’il peut le détruire en moins de temps
encore, il est clair qu’en cherchant à produire des phé¬
nomènes opposés au mal, il peut combattre celui-ci, s’il
est employé avant la destruction ou la décomposition in¬
curable de l’organe malade.
Amélioration de la société : 1° par les cures morales,
comme plusieurs membres de la Société du magnétisme
en ont produit, l’on comprend que si un magnétiseur a
pu produire des effets aussi considérables en si peu de
temps, ce qui pourrait se faire dans les familles agissant
avec confiance et en masse sur celui de ses membres vic¬
time d’une aberration des sens, par une cause fortuite ou
une mauvaise influence sociale;
2° Par la crainte que devrait inspirer aux coupables
un moyen qui permet de les découvrir, s’il était convena¬
blement mis en œuvre, et avec toutes les garanties dési¬
rables, sauf à ne les admettre que comme renseigne¬
ments à contrôler.
- 31 -
Dans les arts ; la peinture, la statuaire, la catalepsie,
l’extase peuvent être utilisées, et cela a déjà été fait.
Dans l’industrie, il serait peut-être possible, malgré
les transformations, d’utiliser le somnambulisme pour
retrouver certaines substances dont on a perdu la con¬
naissance ou qui sont restées secrètes.
G.-F. BACOT.
TABLE
Action à distance. ...
Causes des maladies.
Communication des pensées non exprimées.
Facultés magnétiques. Y
D® — (Manifestation des). 13
~ (Services qu’on peut en attendre) . 26
Facultés curatives '( conditions d’emploi ). 24
Fluide universel. g 28
Imagination.
Imitation.. 13,26,27
Impressions. g
Influences magnétiques. 13 26
Instruction magnétique...12
Mémoire.
Moyens de perception des remèdes pendant l’état lucide...
Responsabilité morale.
Somnambulisme.
Traitements magnétiques (marche des).